Les humains sont egocentrés, on a souvent du mal à sortir de nous même pour lire un autre. Empathie. Un mâle qui voit passer devant lui une jeune femme court-vêtue, en plein effort, actionnant, humide de transpiration, les pédales d’un moteur mécanique, cet homme là pense que la dite femelle a fait le choix de porter ce vêtement pour lui, pour allumer le feu amoureux, enflammer dans son sillon les brasiers masculins.
— Eh, t’es bonne !
Des sociologues ont montré1 que le système humain pousse les femmes à revêtir des atours qui les mettent en valeur. Elles se doivent d’être jolies si elles veulent tenir leur rang.
Dans les grandes villes, d’autres sociologues2 mettent en évidence que celles-ci, surnuméraires, créent, malgré elles, une véritable compétition sexuelle.
Le vélo est un moyen de transport écologique et sportif, en vogue, tout à fait adapté aux déplacements urbains. On pourrait citer les succès des systèmes velibs pour appuyer notre argumentaire.
Si une femme en minishort emprunte un vélo pour se déplacer, ce n’est pas pour toi, Ohm, mais malgré toi. Ce matin là, elle choisit de plaire, sans doute pour elle même, on s’habille d’abord pour soi. En montant sur le vélo, elle sait que probablement, à certains carrefours, elle sera sifflée comme une chienne. Mais elle est courageuse. Elle a besoin d’être jolie, comme elle a besoin de se déplacer.
Donc messieurs, la prochaine fois que sur votre chemin vous croiserez une dame apprêtée sur un vélo, ouvrez les yeux, c’est votre droit, mais s’il-vous-plaît, fermez la bouche. Cette mini jupe n’est pas pour vous…
Lire L’injonction à la féminité, première partie de Beauté fatale, Mona Chollet ↩
Lire La dynamique des stratégies exclusivistes féminines, dans Pourquoi l’amour fait mal, Eva Illouz ↩