Je n'ai pas vendu mon appareil photo pour acheter de la drogue en 2013 (ni jamais d'ailleurs 😅). Par contre je partageais ma vie avec une femme malade de TCA. J'essaie ici, en miroir, de me mettre à sa place, en allant chercher mes démons adolescents.
Une aube se lève et s’envole et entre-ouvre mes yeux rougis,
Mon point tenaille écrase la tasse de café noir qui refroidi lentement,
Une cigarette posée, un cendrier trop plein, des volutes échappées qui disparaissent sous la lumière qui vient.
Et je voudrais hurler aux passants qui s’en vont,
Et je voudrais leur dire les combats de la nuit.
Mais je les laisse aller, immobile et sans vie, tout comme hypnotisé par la chaleur solaire.
J’ai perdu ma bataille.
La poudre brune des plaines afghanes finie de pénétrer mon réseau neuronal.
Et me voici béat. Pour une fois apaisé. Toutes les douleurs dissipées.
Une dose de bonheur reniflée.
Achetée à crédit, j’ai vendu mon outil, la chambre noire qui illumine mes jours.
J’ai perdu ma bataille.
J’ai lâché mon pinceau, pour une nuit encore, sentir le doux produit, couler jusqu’à mes veines.
Mais je suis tellement bien que je ne peux pas pleurer.
Et je suis tellement bien, que je ne peux crier.
Étouffé d’endorphine, je ne peux plus lutter.
Tu ouvres doucement les yeux, et devine sans parler où j’ai passé la nuit.
On se regarde longtemps sans que personne ne dise,
Les dialogues répétés d’une joute déjà dite.
Et je vois la douleur qui monte et trempe ton regard,
Une perle roule et glisse de l’œil et s’arrête sur tes lèvres.
Et tu clos tes paupières, pour ne pas me montrer, la souffrance que j’impose.
J’ai perdu ma bataille.
Tu pleures et moi, pour une heure, je suis bien.
Oh ma princesse. Ma Loreleï. Comme je voudrais être fort,
Peut-être même un autre, pas celui détesté incapable de t’aimer, incapable de donner.
Celui qui ne peut pas, s’inspirer de ta joie, pour gagner ses combats.
J’ai failli cette nuit, cette nuit j’ai trahi,
Et tous nos beaux espoirs, et tous nos jolis rêves.
Je ne sens plus mes jambes. Mes genoux qui me lâchent.
Vide, je tombe.
Et tu me tends la main.
Et tu me tires à toi.
Et tu serres, et m’étouffes,
Et tes bras tellement long.
La chaleur. Et ton cœur. Et ton cœur.
Et tu glisses à mon oreille,
« C’est toi que j’aime.
On l’aura la douleur. »
Et je pleure alors. Et nos larmes se mêlent.
Et je reprends espoir.
Parce que blotti entre tes bras, je repars au combat…