par Sylvain Artois le 2 juin 2025
Parfois il faut savoir prendre partie, choisir son camp, émettre une opinion. La bière, c’est « triple belge ». PERIOD. Remballez vos « Pale Ale ». Rangez vos « IPA ».
Aujourd’hui on attend un orage qui ne vient pas, devant les orges verts qui vont bientôt brûler, on avance vers un bar dans les poussières d’une prairie piétinée, une fois les sourires bénévoles accueillis, on mate la mousse blanche couronner le plastique consigné, au poignet un bracelet jaune et doré, à la main une pinte fraîche et sucrée, j’ai oublié son nom, sacrilège, c’est la numéro 1, elle titre à 8°.
On n’en demandait pas tant.
C’est Nova Twins qui nous cueille1, je pense à deux idols K-Pop. Noires. En colère. Qui balancent de la vraie musique. Pas des idols donc…
J’ai bossé un peu, préparer son voyage… Sur NME, « Being black women doing punk music is political »2. Yes it is…
I’m not asking for it, I know what you want
I know what you want
I don’t owe you one
I’m a rocket, I hit like a bullet, son
Like a bullet, son
You ain’t getting none
I’m not asking for it, I know what you want
I know what you want
I don’t owe you one
I’m a rocket, I hit like a bullet, son
Like a bullet, son
You ain’t getting none— Genius, Nova Twins - Bullet
Vous n’avez pas les basses. Je les ressens encore. Il n’est pas 21h, j’ai oublié son nom, c’est la numéro 1, mais déjà une deuxième.
Sous un chapiteau, ça rapproche, il fait lourd, l’orage ne vient pas. Vulgaires machins3 4 5.
Cette bande là a mon âge, balance un punk complice, ils jouent ensemble depuis longtemps. Je me demande comment j’ai pu passé à côté. Peut-être que finalement dans ce monde mondialisé, un océan, ça sépare encore.
Devant les faux prêtres, et l’hommerie
Une démocratie molle de citoyens contents
Devant l’expansion de la maladie
L’abandon général, la peur et l’inertie
Devant les faux prêtres et la tyrannie
Qui grandit l’obédience des clans pour leurs dogmes
Et par le constat, de l’abjection
J’entends la fin de l’espoir cogner à ma porte
Malgré le discours contre-culture
J’vois briller l’allégeance absolue pour un code
Malgré les actions, et les questions
J’vois briller qu’une doctrine servie comme une mode
L’écho d’un principe qui me cloisonne
Une vision qui se cultive dans la complaisance
Je reviens brisé par l’intolérance
Et cette voix qui me raisonne :
Anéantir le dogme— Genius, Vulgaires Machins - Anéantir le dogme
On retourne sous les kilos de son. Il fait nuit maintenant, on ne voit pas les étoiles, on devine les stratus qui amènent la pluie, qui n’est pas là encore, j’ai chaud, j’ai lourd toujours, je passe devant le bar, ils n’ont plus le malt sucré, j’en trouve un autre, moins chargé. C’est la numéro 3, on en terra le nom, il ne m’a pas marqué.
Ultra Vomit à l’hôpital, on a gagné Silmarils6 7.
Je vois distinctement deux David Salsedo devant moi. C’est mes lunettes c’est sûr, il faudrait les changer…
Ça sent le chaos
La nuit des longs couteaux
Ça sent la mort
Jusque dans les préaux
Ça a l’odeur du spleen, le gout du scandale
Ça chouine en cuisine
Rodéo sauce Poujade
Chacun pour sa gueule
Dieu pour les autres
T’auras plus jamais faim
T’auras plus jamais chaud
Dans le monde de demain
Y’aura plus tellement de choix
Y’aura plus tellement de chiens
Mais y’aura toujours toi
WELCOME TO AMERICA, YEAH!— Shazam, Silmarils - Welcome to america
Vous n’avez pas les basses. J’ai la nuit, la foule, ma chérie qui head bang, et chacun de mes poils qui vibrent avec le son.
Pourfendeur des discours rebelles
Me gaussant des révoltes et louant le système
Je mesure maintenant la faiblesse
De mes vieux arguments
Pardonnez ma jeunesse
Le calme devient une faiblesse… Cours vite !— Genius, Silmarils - Cours vite
La pluie, la vie, nous fait rentrer déjà, dehors l’orage gronde, il pleut des trombes enfin, mouillés.
Le lendemain c’est Kyo. Pas sur que sans eux on soit venu ici. C’est ma chérie t’as vu…
Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse ?
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ?
Il m’a fallut 20 ans pour admettre qu’on peut écouter Cannibal Corpse et la techno hardcore, et chavirer avec la foule dans un karaoké blindé sur « on ne change pas » à l’unisson. Alors Kyo toi même tu connais… Vous n’avez pas les basses, moi j’ai les chœurs…
On a parcouru le chemin
On a tenu la distance
Et je te hais de tout mon corps
Mais je t’adore
On a parcouru le chemin
On a souffert en silence
Et je te hais de tout mon corps
Mais je t’adore encoreparoles.net, Kyo - Le chemin
J’ai une pinte à la main, une triple bien blonde, je n’en parle pas, j’ai oublié son nom, elle est douce et fraîche comme un printemps lorrain. Je mate la femme de ma vie, la mère de mon petit, elle vit sa meilleure vie, miroir, moi aussi.
Les balades s’enchainent vites, déjà sous chapiteau, une bande8 y joue les sons d’un groupe un peu connu, les Rage9…
Fist in the air in the land of hypocrisy
Movements come and movements go
Leaders speak, movements cease when their heads are flown
Cause all these punks got bullets in their heads
Departments of police, (What!) the judges (What!), the feds
Networks at work, keeping people calm
You know they went after King when he spoke out on Vietnam
He turned the power to the have-nots
And then came the shot
We’ve got to take it back
J’ai tellement écouté les Rage au lycée… N’est pas Zack de la Rocha qui veut, mais le groupe s’en sort bien et la foule s’embrase.
Retour dans la fosse, c’est Tagada Jones10 11, on voudrait rien manquer… On peut argumenter — le problème avec les triples, c’est la mémoire ; mais c’est je crois le concert punk le plus efficace que j’ai jamais vu. Ils nous ont pas lâché.
Les flammes du pouvoir embrasent les villes
Prêtes à tuer pour un dernier baril
Telle une lame de rasoir, telle une guillotine
L’OPEP joue les clandestines
Menant sans pitié une guerre sans fin
Jusqu’à c’qu’il n’en reste plus qu’un
Un dernier baril
Un dernier baril
Un dernier baril
Un dernier baril
Gasoline (-ine, -ine, -ine…)
Gasoline (gasoline), gasoline
Gasoline (-ine, -ine, -ine…)
Gasoline (gasoline), gasolineParoles.net, Tagada Jones - Un dernier baril
Vous n’avez pas les basses, moi j’ai la fusion, la foule en délire et les pogos dansants.
Ils sont bien loin les camarades !
Leur musique militaire est de retour, la chemise brune au gout du jour
Ils sont bien loin les camarades !
Le rouge vire au bleu marine et je dégueule leur doctrineparoles.net, Tagada Jones - Mort aux cons
On se quitte sur un « cover » des bérus12, qu’ils diffusent en saluant. Je gueule comme un gamin. Note le petit twist 2024 :
il faut qu’on nous entende
de tous les coins de France
nous devons agir pour rester libre
on se lève on fait barrage
à l’homophobie au masculinisme au racisme
nous sommes noirs nous sommes blancs nous sommes jaunes
tous unis contre la grande escroquerie politique
binaire non binaire
genré non genré
athée croyant homo hétéro queers ensemble nous sommes de la dynamite
la jeunesse emmerde le rassemblement nationalTranscription par l’auteur, Tagada Jones - Porcherie 2024
S’enivrer en festival, c’est soutenir une culture essentielle, et un anxiolytique populaire. « Dehors ça sent la mort ». On a tellement besoin de fêtes, d’artistes. Faudrait pas trop couper les budgets… « Dehors ça sent la mort », on cherche à diviser, je voudrais rassembler, mais j’ai déjà tranché. On fait des choix, Pale Ale ou IPA, j’ai fait un sang mêlé, Marc Hocine ses prénoms. On partagera des triples, In Shaa Allah.
Le jardin du michel n’est pas un petit festival ! Mais en région plus qu’ailleurs, les budgets vont manquer.
Le JDM, c’est très certainement un des meilleurs endroits sur Terre pour écouter de la musique live. Tout est parfait : l’accueil, le son, la bouffe, les gens… Courrez-y.
Vulgaires machins, Anéantir le dogme, 2009 ↩
Vulgaires machins, une captation ancienne acceptable ↩
Vulgaires machins, captation pas ouf mais récente, proche de l’ambiance sous le chapiteau ↩
Silmarils, WELCOME TO AMERICA, 2023 ↩
Silmarils, captation ancienne aux Francofolies, 1996 ↩
Tagada Jones, clip Le dernier baril, 2020 ↩
Tagada Jones, belle captation au Hellfest 2022, ↩
Tagada Jones, RIPOSTE POPULAIRE - Porcherie 2024 ↩